
Dermatologue Allergologue Oncologue au CHU de Saint-Etienne
Crédits photos : Pr Perrot entouré de son équipe – CHU de Saint-Etienne

Le service de dermatologie du CHU de Saint-Etienne développe le triptyque classique de l’activité hospitalière : hospitalisation complète, hospitalisation de jour et consultations.
Toutefois l’intégration de ces 3 activités n’est plus systématique au sein des autres services universitaires de dermatologie de la région.
Reste qu’à St-Etienne nous tenons particulièrement à ce que la prise en charge de nos malades puisse se faire du dépistage à la prise en charge palliative, si nécessaire en passant par toutes les étapes du traitement. En outre, nous couvrons toutes les facettes qui constituent la dermatologie, même si le service se caractérise tout particulièrement par une expertise et un plateau technique en imagerie et mécanique de rang international.
L’autre caractéristique de notre service est d’être situé dans un bassin de santé dont la démographie dermatologie est loin d’être florissante. Les chiffres de la CPAM de la Loire ont montré une diminution de 40 % des actes dermatologiques remboursés au cours des 10 dernières années avec de manière concomitante une baisse de l’activité individuelle des dermatologues ligériens de 12%.
Il en résulte mécaniquement un accès aux soins dermatologiques profondément dégradé.
La conjonction de 2 facteurs.
Tout d’abord le constat amer que malgré un plateau technique d’exception dont l’objectif est de pratiquer un diagnostic précoce des tumeurs malignes, les patients que nous prenons en charge sont dans un état dégradé par rapport à ceux que nous traitions il y a 15 ans.
Ainsi une thèse de médecine d’un de nos médecins portant sur les caractéristiques des mélanomes discutés et enregistrés à la RCP OncoLoire de dermatologie (la totalité des mélanomes pris en charge ou presque) l’épaisseur des mélanomes avait considérablement, et de manière statistique, augmenté sur cette période ( à l’inverse des différents pays européens).
Ce qui correspondait à une perte de chance majeur et un coût de santé majoré pour la collectivité.
Un autre élément déclencheur a été l’étonnement d’une collègue italienne, ancienne cheffe de clinique, à propos de notre recours fréquent à la chirurgie plastique pour pour opérer nos carcinomes épidermoïdes et basocellulaires. Après avoir assisté à l’une de nos RCP, elle a compris : elle y a vu, en deux heures, plus de cas avancés qu’en un an dans sa région d’origine.
Le 2eme facteur est une appétence à la technophilie et l’innovation ce qui nous à conduit à accepter la téléexpertise, mais sous conditions de qualité.
Toutefois cette expérience a nécessité l’aide de Mr Boulnois (Mipih), de Mme Lafargue (GCS Sara) et de Mme Bossard, alors directrice de pôle qui nous ont accompagnés avec efficacité et pertinence dans notre projet.
Tout comme nous avons une activité intégrée, nous tenions à ce que nos demandes soient celles de notre bassin de santé pour que nous soyons en capacité de répondre à toutes les nécessités qui découleraient de nos avis : exérèse, hospitalisation ou autres.
Il n’était pas envisageable, par exemple, de diagnostiquer une tumeur maligne sans être en mesure d’organiser immédiatement la prise en charge chirurgicale. Et d’autre part, nous souhaitions avoir des données de qualité nous permettant de poser un diagnostic en sécurité tout en limitant les recours à la consultation de visu.
La téléexpertise est ainsi devenue un véritable quatrième pilier de notre activité. Elle mobilise chaque jour :
un médecin pour le tri et les réponses (2 à 3 h),
un médecin pour les consultations dédiées (4 h),
un médecin pour les caractérisations in vivo et les actes chirurgicaux (au moins 1 h),
ainsi qu’une journée complète de secrétariat.
En résumé 1 quasi temps plein de secrétariat et un petit temps plein médical
En ce qui concerne nos collègues requérants cela a été globalement bien accepté mais avec des oppositions ponctuelles parfois virulentes concernant les modalités d’adressages.
En 10 mois plus de 1 400 patients ont été vus par un dermatologue dans les 48h maximum après l’adressage de la demande.
Nous avons diagnostiqué plus de 375 cancers cutanés, dont 68 mélanomes.
Par ailleurs :
22 % des patients présentaient une poussée inflammatoire sévère,
5 % une infection cutanée aiguë,
12 cas de maladies bulleuses ont nécessité une hospitalisation en urgence, évitant un passage par les services d’urgences.
Je pense que l’on peut dire que nous avons rempli notre contrat en ce qui concerne la prise en charge dermatologique et que nos collègues ligériens et altiligérien savent qu’une réponse dermatologique à une demande urgente peut être satisfaite très rapidement sur notre GHT.
Enfin la confidentialité de l’échange des données médicales a été radicalement transformée avec la quasi disparition des demandes plus ou moins nominatives sur nos boîtes mails et téléphones, de même que la qualité de la réponse avec la disparition de mails de demande d’avis non répondu dans les délais du fait de congés.
Je ne suis que le responsable médical du service de dermatologie et d’allergologie, aussi je ne me permettrais donc pas de répondre pour les autres chefs de service.
Toutefois une standardisation de la demande similaire à ce que nous demandons me paraît logique si ce n’est nécessaire pour que les règles médicolégales soient appliquées et que la facturation soit assurée ce qui n’est pas négligeable quand on est en charge d’un service à fortiori d’un établissement.